Laine mohair : un marché de niche présent dans la région Centre-Val de Loire

Claire Meslin, propriétaire du Mohair en Touraine.

 

Présente en France depuis les années 1980, la filière de la laine mohair reste un marché de niche. Avec une laine de qualité, fine, légère, chaude et qui ne pique pas, la France se démarque du marché mondial dominé par le Texas aux Etats-Unis et l’Afrique du Sud.

Avec le mohair, on peut tout faire ! Pelotes, chaussettes, bonnets, écharpes, chèches, étoles, gants, pulls, gilets, ponchos, plaids, ou encore couvertures : autant d’exemples de produits fabriqués à base de laine mohair. Cette dernière provient des chèvres turques dites angoras. Angora est en effet le nom donné pendant l’Antiquité à la capitale actuelle de la Turquie Ankara. Rencontre avec Sophie Guérin, éleveuse de chèvres angoras à Estouy (45), et Claire Meslin, vendeuse de laine mohair à Montrésor (37).

Travailler ensemble. 

Une chèvre angora produit environ quatre kilos brut de laine mohair par an. Chacune est tondue une première fois au printemps, puis une seconde fois à la fin de l’été. La matière première est ensuite triée et Claire Meslin envoie celle-ci à la SICA Mohair (Société d’Intérêts Collectifs Agricoles) créée en 1985 et située à Castres, dans le Tarn (81). Sophie Guérin, elle, travaille en collaboration avec le groupement Euréka. La SICA Mohair et Euréka fonctionnent de la même manière et permettent aux éleveurs de travailler ensemble et de transformer plus facilement leur laine. Avec plus de 3000 chèvres angoras dans toute la France, plus de neuf tonnes de laine mohair sont transformées par an. La SICA Mohair permet notamment aux agriculteurs adhérents d’obtenir le label « Mohair des fermes de France ». La laine est donc lavée, filée et teinte, puis tissée ou bien tricotée à la main par des tricoteurs professionnels et indépendants. La laine mohair a ainsi terminé son processus de transformation. Sophie Guérin et Claire Meslin récupèrent leurs produits avec l’objectif de les vendre. 

"Pour plaire aux clients, il faut avoir du choix, des couleurs et du stock."
Claire Meslin
Propriétaire du Mohair en Touraine

 

Plutôt pelote ou bien vêtement en mohair ? 

En 2017, l’éleveuse Loirétaine créé « Le Mohair de Sophie » et ouvre sa boutique située dans la ferme familiale. Elle écoule aussi sa marchandise sur les marchés de producteurs, les marchés de Noël, dans les salons de créateurs, les merceries et les boutiques éphémères. Elle vise une clientèle habitant les départements du Loiret (45), de l’Essonne (91) et de la Seine-et-Marne (77). « Mes clients fidèles m’ont sauvé depuis l’apparition du covid, explique-t-elle. Certains viennent au marché de Noël d’Orléans tous les ans pour acheter mes produits. J’ai aussi une clientèle fidèle allemande qui n’hésite pas à faire une pause sur la route de leurs vacances pour venir me voir. » Ancienne agent immobilier et mère de quatre enfants, Sophie Guérin se définit comme une « amoureuse des animaux ». Sa ferme détient les labels « Bienvenue à la Ferme », principal réseau d’accueil touristique dans les fermes françaises, et « France Passion », réseau d’agriculteurs accueillant les camping-caristes. 

En Touraine, Claire Meslin vend ses articles sur son site internet depuis près de 17 ans et, depuis trois ans, dans sa boutique « Aux trésors des cardeux » située à Montrésor (37). « Pour plaire aux clients, il faut avoir du choix, des couleurs et du stock, explique-t-elle. 70% de mes ventes sont des pelotes de laine mohair et les 30% restants sont des vêtements ou accessoires à base de mohair. Les touristes achètent surtout des produits finis. A l’inverse, mes clientes fidèles et tricoteuses habituées commandent sur mon site internet ou viennent dans ma boutique pour acheter des pelotes ». La commerçante propose aussi ponctuellement un service de tricot-main ou tricot-machine « sur-mesure ».

Rechercher un fil de qualité.

La laine mohair représente donc un marché de niche. D’une part, à cause du nombre restreint de professionnels : seulement plus de 130 producteurs, transformateurs et distributeurs dans toute la France. D’autre part, à cause d’une clientèle genrée et assez aisée. Même si tous les âges sont représentés, les clients sont surtout des femmes qui tricotent toute l’année et recherchent la qualité du fil de mohair. De plus, cette qualité a un prix et celui-ci est globalement plus élevé par rapport aux autres tissus.

Maxence Yvernault

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