L’ADA Blois accède à l’élite : « Nos partenaires privés ont toujours été au rendez-vous »

©Tuan Nguyen

Après une brillante victoire en playoff (série éliminatoire réunissant les meilleures équipes de la saison), l’ADA Blois évoluera cette année en Betclic Élite, sommet du basket-ball français. Paul Seignolle, qui préside la SASP ADA Blois Basket, revenait avec nous début juillet sur ce haut fait du sport loir-et-chérien, la tête toutefois déjà tournée vers le prochain challenge : le maintien.

 

L’Épicentre : Tout le monde célèbre aujourd’hui l’accession de l’ADA Blois dans l’élite du basket national français, grâce à une fin de saison menée tambour battant. Vous aviez néanmoins connu un hiver difficile – certains vous appelant même à remercier le coach. N’avez-vous jamais douté ?

Paul Seignolle : Après un bon début de saison, nous avons effectivement connu un trou d’air, correspondant notamment à la blessure de Tyren Johnson et au retour décalé de Mbaye Ndiaye. Mais je ne me suis jamais posé la question de l’entraîneur (ndlr, Michaël Hay). Il aurait été plus que déplacé de ma part de le déclarer fautif, avec ce qu’il a accompli en neuf ans de présence au club. Le groupe – au sens large – est resté soudé, les jokers médicaux nous ont donné entière satisfaction et nous nous sommes bien repris après la trêve, nous donnant ainsi raison de ne pas avoir pris de décision hâtive. Changer d’entraîneur dans la précipitation est souvent synonyme de double-peine : sportive et financière. Or, notre budget ne doit en aucun cas déraper. C’est un point auquel je suis particulièrement attaché.

L’Épicentre : Même s’il ne fait pas tout, ce dernier va précisément devoir être renforcé pour espérer se maintenir dans l’élite. Quelles sont les perspectives ?

Paul Seignolle : Le maintien va effectivement être un véritable challenge, puisque nous ne disposerons vraisemblablement que du 17e budget de la ligue, juste devant celui de Fos-sur-Mer. Pour rester dans l’élite, nous devrons donc une nouvelle fois surperformer. Nous ne disposions déjà que du 7e budget de ProB cette année, et de la 6e masse salariale. Notre point faible, c’est la billetterie, du fait d’une salle beaucoup trop exiguë. La moyenne du nombre de places assises des 17 autres clubs de Jeep Élite dépasse les 4 600, quand nous en comptons à peine 2 350 au Jeu de Paume. J’évalue notre manque à gagner à un million d’euros. C’est une véritable frustration. Sportivement, nous avons fait le job, comme nous l’avions annoncé. Nous sommes montés de Nationale 1 en Pro A en six ans. C’est la première fois qu’un club du Loir-et-Cher accède à ce niveau, tous sports collectifs confondus. Or, la salle ne nous offre pas les moyens de nous exprimer pleinement. C’est d’autant plus rageant que nous avons toujours milité pour une salle plus grande – de 3 500 places –, seuil qui permet notamment d’accueillir les matchs de l’équipe de France de basket, que nous ne pourrons donc jamais recevoir, comme d’autres compétitions, ou d’autres spectacles d’ailleurs. Il aurait sans doute été préférable de sacrifier un peu l’esthétique du Jeu de Paume au profit de la capacité d’accueil…

L’Épicentre : Comment y remédier ? Les collectivités, qui n’ont pas manqué de célébrer la victoire sur leurs réseaux sociaux, vont-elles renforcer leur participation ? Quid du secteur privé ?

Paul Seignolle : En Betclic Élite, la moyenne des subventions publiques est de 1,019 million d’euros, hors achat de prestations. Malheureusement, nous en sommes très loin, puisque nous avons reçu cette année 412 000 €. Si les impôts ne sont pas là pour contrecarrer le manque de vision politique, et si j’ai conscience que les moyens des collectivités sont contraints, il est certain que nous ne pourrons nous en sortir si les subventions ne sont pas revues fortement à la hausse, venant à tout le moins compenser le manque à gagner de la billetterie. C’est ce qui m’a conduit à demander aux collectivités un investissement supplémentaire à hauteur de 900 000 € [1]. À elles de montrer aujourd’hui si elles souhaitent vraiment conserver un club au plus haut niveau.

Fort heureusement, nos partenaires privés ont, eux, toujours été au rendez-vous. En la comparant avec celle des autres clubs de Betclic Élite, leur contribution nous place aux alentours du 10e rang — c’est très positif ! Elle va augmenter de 41% cette année. Mais c’est compliqué de leur en demander toujours davantage. Avec l’accession au plus haut niveau, qui offre une meilleure exposition, la plupart des prestations vont augmenter de 20%. Ce n’est pas rien ! Certes, nous accueillons de nouveaux partenaires. Mais, il faut aussi veiller à ce que les demandes de certains de ces derniers, plus opportunistes, n’empêchent pas nos partenaires historiques de continuer à nous suivre. Nous faisons clairement le choix de la fidélité et de la reconnaissance. Nous préférons nous couper d’un certain nombre de nouveaux partenaires, aux moyens plus importants, mais qui seraient plus aisément susceptibles de nous abandonner dans le cas où les vents tourneraient…

Pour les spectateurs, la hausse est d’environ 10 à 15%. Mais ils pourront désormais assister à deux matchs pour le prix d’un, puisque les espoirs joueront en levée de rideau.

L’Épicentre : Autre dossier d’importance, le centre de performance. Où en est-on ?

Paul Seignolle : L’ensemble du dossier a été adressé à la région, en vue de l’obtention de fonds du Feder (un fonds européen). Malheureusement, la mise en œuvre de ce dernier a pris du retard. C’est effectivement un sujet majeur. Le centre, situé à côté du Jeu de Paume, offrira une unité de lieu, puisque s’y entraîneront aussi bien les membres de l’association, les jeunes de la formation que les professionnels. Il est indispensable, puisque je rappelle que ces derniers n’ont parfois pas pu s’entraîner cette saison, faute de salle disponible. C’est évidemment impensable à ce niveau de compétition. C’est aussi un centre de profits : outre la location de la salle, y prendront place un pôle médical, une salle de fitness et de la restauration. Cela permettra enfin de délester le Jeu de Paume, favorisant l’organisation d’événements. J’ai hâte que les travaux commencent.

Propos recueillis par Frédéric Fortin

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