À l’approche de la retraite, l’inquiétude monte légitimement et les questions se posent. Pour répondre à celles des dirigeants d’entreprises, Comptafrance, cabinet d’expertise comptable, a initié la création d’un service dédié. Horizen Retraite couvre le sujet, alors que le groupe fête cette année ses 55 ans, et n’a donc pas l’âge de la retraite.
Emilie Launay accompagne les gens qui veulent bâtir une stratégie de fin de carrière. Un peu d’anxiété et ces incontournables questions : à quel âge vais-je partir ? Aurai-je le taux plein ? Combien vais-je toucher ?
Pour espérer avoir les réponses, on se précipite sur le site info-retraite.fr, et l’on regarde en biais si les données correspondent à ce que l’on imagine ; on puise dans ses souvenirs… Mais on n’a souvent pas conscience qu’un relevé de carrière peut comporter de nombreuses anomalies. La Cour des comptes auditionne chaque année les comptes de la Sécurité sociale et pointe le fait qu’une pension sur sept est réputée liquidée fausse. À qui la faute ? « Certes, les notions sont extrêmement techniques, reconnait Emilie Launay, mais il revient à l’intéressé de prendre le temps de se pencher avec attention sur ses années passées. » Emilie Launay, c’est un peu la botte secrète du dirigeant pour la préparation à la retraite. Elle n’est pas comptable, mais a exercé au sein d’une caisse de retraite. Une carte dont peu de cabinets disposent. C’est là que s’acquièrent, entre autres connaissances, les subtilités du relevé de carrière.
Pensez à complémenter…
« Parmi les failles, il y a bien sûr les « droits oubliés », dit-elle, comme les emplois non reportés, un statut cadre non reconnu et les points afférents qui n’apparaissent pas ». Sans parler des caisses de retraite, de base et complémentaire, qui ne communiquent pas toujours, générant des manques difficiles à combler.
Dans le pire des cas, c’est le nombre de trimestres qui est affecté et donc la date d’effet à taux plein ; dans le meilleur des cas, il manque quelques euros en fin de mois.
« Puis il y a les situations spécifiques, poursuit Emilie, méconnues mais qui pourtant ouvrent des droits. Le handicap d’un enfant, avoir été l’aidant d’un proche, l’armée, le chômage, la maladie parfois. » Autant de droits qui sont reportés partiellement ou pas du tout.
« Il faut savoir que cela existe, et être en possession des justificatifs. » Des attestations de stages aux bulletins de salaire, il faut tout garder, car, au fil des réformes, ce qui ne comptait pas avant compte aujourd’hui, comme les contrats TUC par exemple. « Il faut comprendre les règles qui s’appliquent au fil d’une carrière, insiste Emilie. Il faut faire le point avec une personne compétente, et établir ses objectifs. »
Construire une retraite active
Il est une autre dimension à prendre en compte, c’est l’affect. « Quand vous retracez votre carrière, vous revenez sur votre vie, observe Emilie, ce qui n’est pas toujours agréable car il y a eu des périodes difficiles. Divorce, deuil, mésentente entre associés ou prudhomme… » Autant de choses pour lesquelles on a tant fait pour les oublier. Et pour certains, il faudra les ajouter à l’inquiétude de ne pas savoir quoi faire de tant de temps libre. « Le premier risque est donc de procrastiner, conclue Emilie Launay. Pourtant, n’oubliez pas que vous pouvez organiser une retraite active, cumuler emploi et retraite, et ne pas la prendre de façon trop brutale. »
Stéphane de Laage