L’été dernier, le secteur de la piscine était pointé du doigt à cause de son impact sur l’environnement et la disponibilité de l’eau en France. À l’approche de l’été 2023, il tente de se réinventer pour répondre à ces nouveaux enjeux. Mais, une piscine privée peut-elle être réellement respectueuse de l’environnement ?
Le 31 mars dernier, l’entreprise Arbo Concept débutait le coulage d’une piscine en béton décarboné à Cormeray (41), une première en France. Depuis deux ans, la société est basée à Saint-Gervais-la-Forêt (41). « Depuis plusieurs années, l’engouement pour les piscines se réduit, explique Benjamin Heim, son gérant. Il faut redynamiser le secteur et cette piscine en béton décarboné est un test. »
Pourquoi décarboné ? En résumé, les matériaux utilisés pour la fabrication du béton sont issus du recyclage de déchets industriels, métallurgiques et sidérurgiques. Ces déchets inutilisés sont récupérés en Europe et notamment en France. Ils sont transportés en vrac jusqu’en Vendée (85) où est basée l’entreprise Hoffmann Green Cement qui fabrique ce fameux béton décarboné. Ces déchets appelés coproduits sont broyés très finement à froid, puis assemblés. Donc, avec ce béton, plus besoin de chauffer le minerai. Cette technique génère cinq fois moins de CO² par rapport au béton traditionnel, soit moins de 800kg de CO² pour une piscine de 8×4m.
Oh mon eau…
En cette période inflationniste, l’un des objectifs d’Arbo Concept est de tendre vers un concept de piscine proche de l’autosuffisance en ressources, notamment en termes d’électricité et d’eau. Concernant la première, depuis février dernier, l’entreprise commercialise des panneaux solaires permettant une consommation directe de l’électricité produite pour chauffer la piscine.
Hasard du calendrier, la veille de la construction de cette première piscine en béton décarboné, le 30 mars dernier, Emmanuel Macron présentait son « plan eau » à Savines-le-Lac dans les Hautes-Alpes. Parmi les 53 mesures annoncées, aucune ne concerne directement les piscines privées. L’objectif global de ce « plan eau » est pourtant de réduire de 10% la quantité d’eau consommée en France d’ici 2030. Le gouvernement va par exemple lancer une campagne de communication destinée au grand public afin d’inciter à la sobriété.
Emmanuel Macron souhaite également généraliser, partout en France, une « tarification progressive et responsable de l’eau », tarification déjà mise en place dans plusieurs communes françaises. « Les premiers mètres cubes sont facturés à un prix modeste, proche du prix coûtant. Au-delà d’un certain niveau, le prix du mètre cube sera plus élevé. »
…si tu savais tout le mal que l’on me fait
« Je me suis toujours posé la question de l’eau », poursuit Benjamin Heim. Son entreprise possède des citernes de 80m³ qui récupèrent l’eau d’une piscine et la stockent le temps de la rénovation de cette piscine par exemple. Des cuves captent également l’eau de pluie pour remplir plus tard une piscine actuellement en construction. Mais, il s’avère impossible d’utiliser uniquement de l’eau de pluie pour remplir sa piscine. Benjamin Heim appelle donc les propriétaires à changer moins souvent l’eau de leur piscine. Concernant la tarification progressive, « payer plus quand on consomme plus, c’est un juste choix », conclut-il.
Maxence Yvernault