À l’issue d’un long travail de l’Institut Européen d’Histoire et des Cultures de l’Alimentation (IEHCA) installé à la Villa Rabelais à Tours, la baguette a été officiellement inscrite, le 30 novembre dernier, au rang de patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco ; une reconnaissance du savoir-faire des artisans boulangers qui valorise l’ensemble d’une filière (meuniers, céréaliers, salariés et apprentis).
Une reconnaissance saluée unanimement
Sur Twitter en novembre dernier, le président Emmanuel Macron avait salué, à l’annonce de l’inscription de la baguette au rang de patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, « 250 grammes de magie et de perfection dans nos quotidiens. Un art de vivre à la française », ajoutant : « Nous nous battions depuis des années avec les boulangers et le monde de la gastronomie pour sa reconnaissance. La baguette est désormais au patrimoine immatériel de l’Unesco ! »
Loïc Bienassis, chargé de mission scientifique à l’IEHCA, confirme effectivement « une instruction du dossier longue, se comptant en années et une distinction rare puisqu’une seule nouvelle inscription est réalisée tous les deux ans, tous domaines confondus. »
Le montage du dossier a nécessité de longues recherches sur l’histoire, la dimension patrimoniale et les caractères de la baguette. « Ce n’est pas la baguette qui est inscrite, mais les savoir-faire artisanaux et toute la culture de la baguette de pain (sa fabrication, la manière de la consommer et de la partager dans un contexte culturel). Ce point a d’ailleurs été expliqué à la confédération de la boulangerie lors de sa prise de contact avec l’IEHCA. »
En pratique, il revient à un État de déposer le dossier et, en France, le dossier doit être validé par le ministère de la Culture puis par le Président de la République. L’attente fut longue entre sa validation française en mars 2021 et la délibération de l’Unesco en novembre 2022. Dans ses conclusions, le Comité de l’Unesco confirme que cette attente en valait la peine « la baguette étant le type de pain le plus apprécié et consommé en France tout au long de l’année ».
L’IEHCA, un expert reconnu
Avec six collaborateurs, l’IEHCA est un expert bien identifié dans son domaine. Contributeur auprès de la Cité de la Gastronomie à Tours, l’institut avait marqué l’année 2012 en réalisant l’inventaire culinaire de la région Centre-Val de Loire. En Indre-et-Loire, l’entreprise Terre Exotique l’a sollicité dans le cadre de son festival des poivres, pour des conférences et des capsules vidéo sur l’histoire du piment. « Aujourd’hui, un acteur économique qui a envie de communiquer, qui recherche une plus-value culturelle sur ses produits peut nous solliciter », rappelle Loïc Bienassis. À bon entendeur !
Camille Colloch