C’est en tant que marraine de la semaine Elles, organisée par la Ville de Blois et les associations locales, que l’actrice et réalisatrice Julie Gayet est venue présenter en avant-première Olympe, une femme dans la Révolution, son film sur la vie d’Olympe de Gouges. Devant un public venu nombreux, elle a pu expliquer ses choix de réalisation et a témoigné de son engagement pour l’émancipation des femmes.
« J’avais envie de monter une série sur les femmes révolutionnaires. Olympe est la première figure féminine qui sera diffusée sur France TV d’ici quelques mois », a confié Julie Gayet.
Coréalisatrice pour la première fois, c’est avec une pointe d’émotion non dissimulée qu’elle a accueilli les retours du public blésois, autant séduit par l’histoire de la femme révolutionnaire, auteure de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, que par la prestation de Julie Gayet, son interprète. « On voulait mettre ses mots dans la voix off pour raconter la modernité de cette femme. Parler aussi des clubs de femmes qui existaient à l’époque, comme toutes les associations qui défendent les droits des femmes aujourd’hui. Ce n’est pas nouveau, a-t-elle expliqué. Aussi, parler de cette dernière période où elle a été incarcérée est une référence à l’enfermement des femmes, aux vœux forcés dans les orphelinats, ou aux internements dans les hôpitaux psychiatriques ; il y a aussi un parallèle avec ces femmes afghanes ou iraniennes qui sont enfermées. »
Depuis l’affaire Harvey Weinstein qui a déclenché le mouvement MeToo, les lignes bougent dans l’industrie du cinéma. La place des femmes change peu à peu, notamment grâce au Collectif 50/50 qui promeut l’égalité des femmes et des hommes et la diversité sexuelle et de genre dans le cinéma et l’audiovisuel. Julie Gayet, qui est investie dans l’association, a pu donner quelques exemples d’actions menées : « Une charte qui engage à la parité a été créée, elle a été signée par tous les festivals de cinéma du monde. On demande à ce qu’ils nous fassent remonter les chiffres du nombre de femmes dans les comités de sélection. Parfois, juste leur poser la question fait naître une prise de conscience ! » Pour son film, la coréalisatrice a mis un point d’honneur à embaucher le plus de techniciennes possible. Elle s’est également livrée à un petit jeu lors des recrutements : elle a demandé aux femmes qui exercent des métiers plutôt féminisés, comme les maquilleuses et les coiffeuses, quelles seraient leurs prétentions salariales, et a fait de même avec leurs homologues masculins. Elle a pu dresser ce bilan édifiant : alors que les hommes demandaient 3 500 € de cachet, les femmes n’osaient guère demander plus que 1 200 € en moyenne ! « Avec le Collectif, on a mis en place une grille de rémunération, et des bonifications du fonds de soutien au CNC ont été instaurées s’il y avait plus de femmes embauchées », a-t-elle précisé.
Également présidente de Ciclic, l’agence régionale du Centre-Val de Loire pour le livre, l’image et la culture numérique, Julie Gayet est engagée depuis longtemps pour la culture aux côtés des femmes. « On ne naît pas féministe, on le devient », dit-elle. Après dix ans de bataille pour faire connaître l’endométriose et son combat aux côtés de la Fondation des femmes, elle continue de tracer son chemin en semant, tant qu’elle peut, ses graines pour l’égalité.
Émilie Marmion