« J’ai envie de présenter le meilleur de la création contemporaine »

©Jérémy Flaum

Frédéric Maragnani est le nouveau directeur de la Halle aux Grains, scène nationale de Blois, depuis le mois d’avril. Il fait suite à Catherine Bizouarn qui a pris sa retraite après avoir été à la tête de ce lieu culturel pendant plus de 13 ans.

Quel est votre parcours professionnel ?

J’ai commencé par être metteur en scène pour une compagnie avec laquelle j’ai traversé beaucoup de strates de la décentralisation culturelle sur de nombreux territoires. J’ai vu différents types de publics et de lieux en passant d’une salle municipale d’un territoire rural au théâtre de l’Odéon, mais aussi par des scènes nationales et centres dramatiques. Ensuite, j’ai pris la direction de lieux culturels. J’ai commencé par La Manufacture à Bordeaux pendant six ans. C’est une fabrique pour la création émergente avec des gens pleins d’idées qui travaillent sur des territoires en direction des publics populaires. Puis, j’ai pris la direction du théâtre de Chelles, scène de territoire de la troisième couronne de la banlieue parisienne.

D’où vient votre passion pour le théâtre ?

Je suis un enfant de l’éducation populaire et de la décentralisation de la culture. J’ai découvert le théâtre au collège par le club théâtre et j’ai poursuivi au lycée par un bac théâtre pour ensuite aller au conservatoire de Bordeaux avec pour objectif de devenir acteur. J’étais un enfant réservé et j’ai trouvé par le théâtre un moyen de me donner un rapport au monde que je n’aurais pas eu autrement dans ma vie. Quand je vois des jeunes qui viennent assister à des spectacles, je pense toujours que, parmi eux, certains trouveront leur rapport au monde. C’est une des utilités premières dans la culture de connecter les jeunes avec le monde.

Quel est votre projet pour la Halle aux Grains, scène nationale de Blois ?

J’ai composé mon projet à partir de ce que j’ai vu, perçu et entendu lorsque je suis venu à Blois. Ma ligne éditoriale repose sur une programmation au croisement des humanités, au sens moderne du terme qui englobe toutes les sciences sociales, et avec un focus très précis sur l’histoire et les arts. Je suis passionné par la concordance des temps, donc, la programmation proposera majoritairement des lectures du monde, de l’histoire à travers le passage du temps dans notre civilisation. Les artistes savent très bien créer des liens entre le passé, le présent et le futur. A partir de 2023, il y aura aussi des projets situés avec un collectif de six compagnies d’artistes qui seront associés à la scène nationale. Ils auront un soutien à leur travail de création artistique et travailleront dans certains lieux, en fonction des besoins identifiés sur le territoire. Il s’agira de faire du lien avec de nouveaux réseaux associatifs partenaires de divers secteurs : éducatif, médical, culturel, sportif…  Nous allons aussi mener un travail avec la Région sur la mise en lien plus forte et plus dense des différents lieux culturels labellisés. Enfin, j’ai pour mission la mise en œuvre de la nouvelle salle de la Halle aux Grains dont les travaux devraient être engagés en 2025.

Comment préparez-vous la programmation 2023-2024 ?

Catherine Bizouarn a préparé la saison 2022-2023 et j’ai commencé à mettre en place mes projets qui commenceront en 2023. La scène nationale a différentes missions dont la pluridisciplinarité en proposant du théâtre, de la danse, de la musique, du cirque mais aussi du théâtre d’objet… Par ailleurs, la Halle aux Grains a une identité historique par rapport à la danse qui va perdurer. J’ai envie de présenter le meilleur de ce qui se fait aujourd’hui dans la création contemporaine. Le public aura à Blois la primeur de certaines créations artistiques et des artistes seront découverts ici. Les partenariats se mettent en place dès maintenant. Je serai présent lors des soirs de représentation pour aller à la rencontre du public et des artistes.  

Propos recueillis par Chloé Cartier-Santino

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