En partenariat avec la coopérative Axereal, la start-up Intact va construire à Baule (Loiret) un centre de production de protéines végétales associé à une filière dédiée à la culture des légumineuses. Un investissement de 50 millions d’euros et soixante emplois à la clé.
Connaissez vous l’agriculture régénératrice ? Il s’agit, en quelque sorte, d’un retour au bon sens paysan sur la base d’une rotation des cultures permettant l’enrichissement naturel du sol. La start-up Intact en a fait sa charrue de bataille. Plutôt que de gaver le sol d’engrais chimiques à base d’azote, cultivons alternativement des légumineuses (pois, féverolles, lentilles, haricots) qui ont la propriété de fixer l’azote de l’air dans la terre. CQFD ! « Et transformons ces légumineuses en protéines végétales dont l’industrie alimentaire a tellement besoin », poursuit Alexis Duval, le directeur général d’Intact, qui s’apprête à construire un site de production sur un terrain de dix hectares à Baule (Loiret). L’annonce a été faite mi-janvier chez Axereal, la puissante coopérative agricole qui est entrée au capital d’Intact à hauteur de 20 %. Car aujourd’hui la production de légumineuses ne représente que 5 % des cultures de Beauce et l’objectif est de la porter à 20 % en créant une filière dédiée.
Procédé novateur d’extraction
Axereal va s’appuyer sur ses 14 000 adhérents pour s’engager sur cette nouvelle voie régénératrice en se fixant un objectif de 65 000 hectares consacrés à 20 % aux légumineuses, du fait d’un assolement de cinq ans.
« Il s’agit à la fois de bâtir de nouvelles filières attractives pour les agriculteurs dans une démarche de transition, et de contribuer à une alimentation plus saine grâce à l’apport de protéines végétales », poursuit Alexis Duval. La start-up Intact, fondée en mars 2022, annonce avoir mis au point un procédé novateur d’extraction des protéines végétales très peu gourmand en énergie et donc à faible production de carbone. « Nous récupérons 25 % de protéines à partir des légumineuses et 65 % d’amidon qui peut être transformé en alcool neutre pour la pharmacie, la cosmétique et l’industrie alimentaire », complète Alexis Duval.
Moins de gras et de sucre
Les protéines, quant à elles, entrent ensuite dans l’élaboration de produits alimentaires pour la consommation humaine, répondant ainsi aux tendances actuelles en faveur de produits moins gras et moins sucrés. « Sur ce créneau de production alternative durable à bas carbone dans une logique d’agriculture régénératrice, nous n’avons pas de concurrent », estime le directeur général d’Intact qui était précédemment président du directoire de la coopérative sucrière Tereos.
Une fois le tour de table financier bouclé pour réunir les 50 millions d’euros nécessaires, l’unité de transformation s’élèvera sur un terrain de dix hectares du parc Synergie Val de Loire, à Baule. La communauté de communes de Meung-sur-Loire, ainsi que la région Centre-Val de Loire et son agence économique Dev’up soutiennent cette implantation. Le président d’Axereal, Jean-François Loiseau, y voit le renforcement de l’engagement de la coopérative dans sa « démarche stratégique de transition agricole et alimentaire ».
L’entrée en activité de la nouvelle unité de protéines végétales est programmée pour la fin 2024, avec une centaine d’agriculteurs dans un premier temps. En pleine activité, elle devrait employer une soixantaine de personnes et produire 30 000 tonnes par an. De quoi sérieusement régénérer l’économie locale.
Bruno Goupille
