L’association Frugalité heureuse et créative est une association nationale appellant à construire mieux avec moins. Dans ce contexte, une question se pose : faut-il encore construire en région Centre-Val de Loire ? Autrement dit, faut-il préserver les espaces verts existants, voire étendre leur présence ?
Paysagiste et ingénieur, Etienne Maliet habite dans le Loir-et-Cher et travaille actuellement à renaturer les villes et notamment les cours d’écoles, collèges et lycées en région Centre-Val de Loire. Depuis 2019, il est membre de l’association Frugalité heureuse et créative. La notion de frugalité repose sur une idée : construire mieux avec moins. « La frugalité, c’est faire avec ce qu’il y a sur place, ce qui existe déjà, ce qui est accessible, explique-t-il. La frugalité, c’est une intelligence économe. L’envie d’être économe, efficace et sobre énergétiquement a une ambition plus sociale et personnelle : c’est la dimension heureuse et créative de la frugalité. » Pour Etienne, la frugalité est une réponse au changement climatique et à la « France moche ». L’association organise notamment des conférences, des rencontres et des visites de chantiers partagés et de projets ayant abouti.
Occuper les logements vacants
Et si la solution était plus radicale : faut-il encore construire ? Autrement dit, faut-il préserver les espaces verts existants, voire étendre leur présence ? La question est posée, mais la réponse ne va pas de soi.
Premier argument en faveur d’un arrêt des constructions neuves : les logements vacants dans les centres-villes, mais aussi dans les campagnes. Leur occupation est un véritable enjeu. La région Centre-Val de Loire étant une région rurale, la question de l’occupation des logements vacants en campagne pose nécessairement la question de l’accessibilité aux transports en commun, la campagne étant très souvent mal desservie par rapport aux centres-villes. « J’habite à Millançay [dans le Loir-et-Cher, ce village compte 771 habitants, ndlr] et la vie sociale est impossible pour les jeunes. Il faut des structures de transport », lance Etienne.
Deuxième argument : la notion de Zéro Artificialisation Nette (ZAN) apparait en 2018 avec le plan biodiversité lancé par Nicolas Hulot, alors ministre de la Transition écologique et solidaire. Elle vise à ralentir et compenser l’artificialisation des sols en France et limiter toute extension de l’artificialisation d’ici 2050. « La ZAN a provoqué une levée de boucliers. On habite une surface, mais on n’est pas les seuls à l’habiter. À un moment, on est limité. Il faut anticiper. Quand on veut construire, on devra désormais déconstruire ». Dans ce contexte, l’association appelle les communes à réfléchir davantage avant de valider un permis de construire.
Construire en bois, en paille ou en terre crue
Plutôt qu’adopter une position radicale et prôner un arrêt total des constructions neuves, l’utilisation de matériaux biosourcés apparait comme une solution pour des constructions plus durables. Les matériaux biosourcés sont issus d’une matière organique renouvelable, c’est-à-dire fabriqués avec une matière issue du vivant. Le bois, la paille ou encore la terre crue sont autant d’exemples. La commande publique, notamment, fait de plus en plus appel à ce type de matériaux. « Les matériaux biosourcés commencent à intéresser, se réjouit Etienne. De plus en plus d’établissements scolaires sont construits en terre-paille. Les grands groupes comme Bouygues ou Eiffage s’y mettent aussi. Les savoirs-faires existent, les matériaux sont là. »
Maxence Yvernault