Et si les seniors étaient la solution face à la pénurie de main-d’œuvre ?

Les freins au recrutement de candidats séniors

Au troisième trimestre 2023, le taux de chômage poursuivait sa baisse, à 7,3 %. Pourtant, le dynamisme du marché de l’emploi ne profite pas à tout le monde. Chez les seniors, la courbe ne cesse d’être à la hausse. En effet, depuis dix ans, leur part est passée de 23 % à 30 % des demandeurs d’emploi. Ils possèdent de l’expérience, un savoir-être souvent apprécié, alors pourquoi peinent-ils à être recrutés ?

Pour répondre à cette question et sensibiliser les entreprises de Loir-et-Cher à l’employabilité des seniors, le MEDEF 41 a organisé un petit-déjeuner le 11 juillet dernier. De bon matin, recruteurs, partenaires de l’emploi et membres du mouvement Les entreprises s’engagent, se sont retrouvés pour évoquer le sujet et tenter de casser les idées reçues sur cette catégorie de travailleurs.

Mais au fait, c’est quoi pour vous un senior ? Quand une entreprise poste une annonce d’emploi en indiquant un profil junior ou senior, s’attend-elle à quelqu’un de plus ou moins expérimenté dans son domaine d’activité, ou à avoir un profil défini par son âge ? Pour Pierre Montigny, consultant des relations entreprises pour l’APEC CVDL, « ces annonces biaisées constituent un premier frein à l’embauche de profils qui peuvent correspondre au besoin du recruteur ». Dans l’Étude IPSOS À compétences égales – septembre 2022, on apprend que l’âge d’un senior n’est pas le même selon le regard du recruteur (49,6 ans) et du candidat (52,7 ans). Par ailleurs, cette notion varie selon les secteurs d’activité. « Pour Pôle Emploi, on est senior à partir de 50 ans », précise Aline Kuntz, directrice territoriale déléguée de Pôle Emploi Loir-et-Cher.

Plus proches de la fin de carrière que du début, ces profils font peur et cumulent les freins identifiés sur l’image suivante.

Cependant, peut-être faudrait-il se pencher sur toute la richesse qu’ils peuvent apporter ? « J’ai des compétences, un parcours diversifié et encore un quart de ma vie professionnelle à exercer. J’estime être encore un potentiel, mais c’est difficile de se faire reconnaître par autre chose que ce qu’on a été et pour le devenir qu’on pourrait être. Je ne me sens pas affaiblie, mais forte de mon âge », témoigne Isabelle Ridet, 54 ans, en recherche d’emploi dans les RH.

Avec la maturité d’une vie déjà bien avancée, ces profils sont souvent des piliers sur lesquels les dirigeants peuvent s’appuyer. Ils peuvent aussi profiter de leur expérience pour développer leurs entreprises (nouveau marché à explorer, nouvelle technique, nouvelle organisation du travail). « Mon arrivée dans la société a été une vraie solution pour le dirigeant, explique une collaboratrice de l’entreprise Le Triangle, mais j’ai créé mon propre poste, car il n’y avait pas de recrutement en cours, c’est venu d’une discussion. »

Rencontrer les recruteurs et échanger autrement avec eux, c’est également l’une des manières de casser les stéréotypes et de détecter le potentiel de futurs collaborateurs seniors. Des initiatives se développent dans ce sens avec des « job datings » qui se déroulent dans des bars-restaurants, des entretiens inversés, ou encore des portes ouvertes d’entreprises, qui permettent aux candidats d’échanger avec les salariés et de s’imprégner de la culture d’entreprise.

Émilie Marmion

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