Entre croissance et difficultés : état des lieux de la consommation bio

L’Agriculture Biologique (AB) fait aujourd’hui partie des habitudes de consommation de bon nombre de Français. Ceux-ci sont toujours plus nombreux à acheter bio. La vente directe chez le producteur, un rayon bio dans chaque supermarché, ou les enseignes « bio » qui fleurissent partout en France : les manières de consommer bio sont multiples. 

Le 12 avril dernier, au Lycée agricole de Vendôme (41), la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique (FNAB) et Bio Centre organisaient un colloque national sur le thème « Consommation bio : état des lieux, focus filières et pistes d’avenir ». L’occasion de réunir l’ensemble de la filière bio et d’échanger sur les enjeux actuels de la consommation bio en région Centre-Val de Loire et en France.

Préserver sa santé et l’environnement 

L’évolution récente du marché bio reste plutôt positive. « La bio ne connaît que la croissance, se réjouit Burkhard Schaer, co-fondateur et co-directeur d’Ecozept, agence franco-allemande d’études de marché et de conseil en marketing. Le concept de plafond ne correspond pas à la bio ». En 2021, la France comptait plus de 55 000 fermes bio, soit 13% des agriculteurs. Les exploitants bio sont ainsi plus nombreux que les producteurs de lait. La bio représente 19% des emplois agricoles. Le rythme de conversion en 2021 a été identique à 2020. Parmi les fermes bio, 26 000 pratiquent la vente directe. Ensuite, 55% de la marchandise bio va dans les supermarchés. Ces enseignes ont par ailleurs été capables de répondre aux nouvelles demandes des clients : les commandes en ligne et la livraison dans les centres urbains ont été étendues à la bio. Parmi les raisons qui poussent le consommateur vers la bio, la préservation de la santé arrive première devant la préservation de l’environnement. Les acheteurs, habitués ou non, ont confiance en les produits bio. Le cahier des charges est perçu comme plus exigeant et le label AB bénéficie d’une certaine notoriété. 

« La bio ne connaît que la croissance »
Burkhard Schaer
Co-fondateur et co-directeur d’Ecozept

 

Cuisiner la bio 

On observe cependant une certaine crise de la bio. Aujourd’hui, les Français ayant retrouvé leurs habitudes d’avant la crise sanitaire, ils cuisinent moins et ils achètent moins de bio. L’interdiction des emballages plastiques pour les fruits et légumes a entrainé une baisse de leur consommation en bio. La France n’est pas la meilleure face à ses voisins européens. La bio y représente 6,5% de part de marché alors qu’elle représente 11% en Suisse, 12% en Autriche et 13% au Danemark. Dans la grande distribution, il y a eu moins de lancements de produits bio en 2021 par rapport aux années précédentes. De plus, les marques inscrivent « BIO » sur leurs produits, mais certains d’entre eux restent de mauvaise qualité et mauvais pour la santé. Les supermarchés cherchent souvent à augmenter leurs marges sur les produits bio, au détriment de l’agriculteur et du consommateur. Dans les enseignes de distribution spécialisée dans la bio, Burkhard Schaer regrette « un manque d’innovations en produits bio et peu de stratégies pour fidéliser les clients ».

Former les agriculteurs de demain 

Ce colloque était aussi l’occasion pour la région Centre de présenter ce qu’elle entend mettre en place sur le sujet de la bio. Temanuata Girard, conseillère régionale et vice-présidente à l’agriculture et à l’alimentation à la région Centre-Val de Loire affirme ainsi l’engagement de la région dans la lutte contre « la pollution des sols, des cours d’eau et les atteintes à la biodiversité ». Elle poursuit en expliquant que « le renouvellement des générations est un enjeu important et, pour ce faire, il faut former les générations futures dans les lycées agricoles ». Concernant plus particulièrement la bio, la région souhaite multiplier par quatre la surface bio sur son territoire, accompagner les agriculteurs dans leur certification, proposer une alimentation 100% locale dont 50% de bio dans les lycées, et poursuivre la lutte contre le gaspillage alimentaire dans ces établissements.

Maxence Yvernault

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