Face à un marché de l’emploi tendu et une pénurie de main d’œuvre au sein des entreprises, ces dernières font désormais davantage appel aux seniors. Auparavant critiqué pour son manque de flexibilité et de dynamisme, le senior est aujourd’hui sollicité pour son expérience et sa fidélité.
Avant toute chose, à partir de quel âge est-on senior ? La question est posée, mais sa réponse ne peut être précise… L’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE) fixe à 50 ans l’âge à partir duquel on est considéré comme senior. Pour l’État français, le passage à la soixantaine donne accès à des prestations sociales spécifiques aux seniors. Les années précédant l’âge légal de départ à la retraite, fixé à 62 ans (pour l’instant ?), marquent donc ces premières années en tant que senior.
Stabilité et savoir-faire
Cela étant dit, certaines entreprises sont réticentes à l’idée d’embaucher un senior. La cause ? Des stéréotypes selon lesquels il est moins malléable et moins énergique. « C’est difficile de retrouver un poste équivalent au précédent lorsqu’on est senior, reconnait Benoit Maiques, créateur et gérant de l’agence d’intérim Casa Job. Sauf pour les postes stratégiques aux salaires importants. »
À l’inverse, le senior est réputé comme étant quelqu’un de ponctuel et fidèle. Avec une peur accrue de se retrouver de nouveau au chômage, le senior cherche la stabilité et un engagement sur le long terme. Il permet ainsi de baisser le turn-over au sein de l’entreprise. De plus, il a une expérience solide du monde du travail : « Plus le senior est expérimenté, plus il aura de la technicité et du savoir-faire, explique Gilles Roger, Président de Source Recrutement. Le senior a la capacité d’être opérationnel immédiatement. »
Les exigences du futur salarié sont différentes selon son âge. Le jeune insiste davantage sur la question du salaire. De son côté, le senior apporte une attention toute particulière à la Qualité de Vie au Travail (QVT) et à une certaine autonomie.
Du Baby-boom au Papy-boom
Depuis plusieurs années, le marché du travail a évolué et la crainte des entreprises quant à l’idée d’embaucher un senior a peu à peu disparu. « Ce qui a changé, c’est l’obligation des entreprises d’aller vers les seniors, poursuit Gilles Roger. Les entreprises ont dû changer leurs regards sur les seniors. Le vent a tourné. Les esprits s’ouvrent à nouveau ». Actuellement, « les entreprises sont acculées et elles s’ouvrent à des profils expérimentés » explique également Anne Pomes, responsable du département recrutement chez Actiforces.
En France, deux raisons justifient notamment ce changement de mentalité. D’une part, le Baby-boom, de la fin des années 1940 au début des années 1970, devenu aujourd’hui le Papy-boom, et d’autre part la baisse récente de la natalité : les seniors sont ainsi mathématiquement de plus en plus nombreux par rapport à la jeune génération et peuvent répondre au manque de main d’œuvre.
Il semble donc désormais plus facile de trouver un emploi quand on est senior. Les entreprises qui ne se sont pas encore tournées vers eux, pour répondre à leurs besoins en termes de personnel, vont peut-être devoir s’y résoudre rapidement. D’autre part, les discussions sur le recul de l’âge légal de départ à la retraite sont relancées. Alors, travailler plus longtemps pour répondre aux besoins ? La question, épineuse, est entre les mains du gouvernement.
Maxence Yvernault