De l’alternant à l’alter ego : apprendre mieux grâce à l’apprentissage

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Le 5 janvier dernier, Emmanuel Macron annonçait la prolongation, jusqu’en 2027, d’une aide unique de 6 000 € pour toute entreprise embauchant un apprenti, mineur ou majeur, pour la première année d’exécution du contrat.

Le 1er décembre dernier, le Ministère du travail, du plein emploi et de l’insertion annonçait que, « dans la continuité du soutien du Gouvernement au déploiement de l’alternance, une aide d’un montant de 6 000 € sera versée à toutes les entreprises, pour les contrats conclus avec un alternant, mineur comme majeur, du 1er janvier au 31 décembre 2023, pour la première année d’exécution du contrat. Afin de renforcer l’accès à l’apprentissage des jeunes les moins qualifiés, le dispositif mis en place pour 2023 procède à une élévation du niveau de l’aide pour les alternants mineurs, qui passe de 5 000 € à 6 000 €. » Entre 2020 et 2022, le montant de l’aide variait selon l’âge : 5 000 € si l’apprenti est mineur et 8 000 € s’il est majeur. Désormais, il s’agit d’une aide unique de 6 000 €. Face à la forte baisse de la part des apprentis mineurs, passer l’aide de 5 000 à 6 000 € entend encourager les entreprises à embaucher ce type de profil. À l’inverse, certaines critiquent donc la diminution du montant de l’aide pour les apprentis majeurs.

Un million d’apprentis par an en 2027

La prolongation de cette aide concerne la signature d’un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation, la personne embauchée devant être âgée de moins de trente ans. « Par cette décision, le Gouvernement maintient un fort niveau d’investissement en faveur de l’apprentissage, une voie de réussite et d’insertion professionnelle durable pour nos jeunes qui a fait ses preuves lors du dernier quinquennat : 70 % des jeunes étant en emploi un an après leur diplomation », expliquait ainsi Olivier Dussopt, ministre du Travail. Un mois plus tard, le 5 janvier dernier, à l’occasion de la traditionnelle galette des rois sans fève au Palais de l’Élysée, Emmanuel Macron annonçait le maintien de cette aide de 6 000 € jusqu’à la fin de son quinquennat, soit jusqu’en 2027. Selon le Ministère du Travail, plus de 830 000 contrats en alternance ont été signés en 2022 grâce à ces aides, soit une augmentation de 11% par rapport à 2021. L’objectif du Président de la République et du gouvernement ? Atteindre le cap symbolique d’un million d’apprentis par an en 2027.

Grâce à cette aide, les TPE-PME qui n’avaient pas pensé à embaucher un alternant sont désormais grandement incitées à le faire. En 2021, en région Centre-Val de Loire, mais aussi dans toute la France, la majorité des apprentis travaillent dans des TPE-PME. 32,4% des apprentis sont dans des entreprises de moins de cinq salariés à l’échelle régionale, 31% à l’échelle nationale. Cette part d’apprentis dans ces petites entreprises diminue depuis 2017, soit une baisse de 3,6 points pour les entreprises de moins de cinq salariés à l’échelle régionale. À l’inverse, la part d’apprentis dans les grandes entreprises augmente, soit une hausse de 2,4 points pour les entreprises de plus de 250 salariés à l’échelle régionale. En 2021, 22,6% des apprentis étaient dans ces entreprises de plus de 250 salariés à l’échelle régionale, 23,1% à l’échelle nationale.

« La cerise sur le cupcake »

Certaines entreprises ont recours à l’apprentissage depuis de nombreuses années. C’est le cas par exemple de France 3 Centre-Val de Loire, depuis le début des années 2000. « Il y a une vraie différence de niveaux entre les étudiants en alternance et ceux qui n’ont que quelques mois de stage dans l’année, explique Fabienne Marcel, coordinatrice éditoriale numérique chez France 3 Centre-Val de Loire. L’alternance démontre une capacité à travailler quasi-immédiate et permet de monter en compétences ». Selon elle, l’aide de l’État n’est donc pas la seule raison de l’augmentation du nombre d’apprentis en France. Elle qualifie plutôt cette aide de « bonus », de « cerise sur le cupcake ». Présent sur l’ensemble de la région, France 3 Centre-Val de Loire concentre ses apprentis au Bureau Régional d’Information (BRI) à Orléans. « L’alternant a un tuteur qui est lui-même accompagné et formé par France 3, poursuit la jeune femme. Il est important pour l’apprenti d’être baigné dans une rédaction où il y a du monde et différents métiers. L’apprentissage, c’est le luxe de pouvoir échouer. On peut revenir, expliquer et comprendre pourquoi on a échoué. On a moins de pression quand on est alternant. »

Fabienne Marcel est par ailleurs la tutrice de Camille Verkest, actuellement journaliste en apprentissage au service web de France 3 Centre-Val de Loire à Orléans. Après avoir été Community Manager en alternance pendant un an à Paris, le jeune homme se réoriente dans le journalisme et choisit de rester en alternance pour deux raisons. La première ? Dans les écoles privées, les frais de formation ne sont pas financés directement par l’entreprise, mais via l’Opérateur de compétences (OPCO). Ces frais, souvent élevés, ne sont donc ni à la charge de l’étudiant, ni à la charge de l’entreprise. La deuxième raison ? « Je suis directement dans le métier, explique l’apprenti. Je suis en contact avec des professionnels, des journalistes, tous les jours. L’apprentissage permet de progresser à vitesse grand V. » L’apprenti journaliste n’est d’ailleurs pas le seul alternant à France 3 Centre-Val de Loire, avec un apprenti au service communication et un autre au service technique.

80 CFA en région Centre-Val de Loire

Le Loiret et l’Indre-et-Loire sont les deux départements de la région qui comptent le plus grand nombre d’apprentis. Logiquement, ce sont également ces deux départements qui comptent le plus grand nombre de sessions de formation en apprentissage. On en comptait 1619 en cours ou débutant en 2022, soit une hausse de 25 % par rapport à 2021 et de 45 % par rapport à 2020.

Selon la préfecture de la région Centre-Val de Loire et la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DREETS), le nombre de CFA ou OFA (Centre de formation d’apprentis ou Organisme de formation par apprentissage) en région Centre-Val de Loire a doublé en quatre ans, passant de 40 en 2018 à 80 en 2022. Cela représente 4 % de l’offre nationale. Plus largement, 220 sites dispensent au moins une offre de formation en apprentissage sur le territoire régional. 598 certifications différentes sont accessibles en apprentissage sur le territoire régional, soit une augmentation de 13 % entre 2021 et 2022.

Maxence Yvernault

Le profil type de l’apprenti en région Centre-Val de Loire en 2021

  • Un homme (63,1% d’hommes, contre 36,9% de femmes)
  • Il a entre 18 et 21 ans (51,4% des apprentis).
  • Il est employé dans le secteur privé (96,6% pour le secteur privé, contre 3,4% pour le secteur public).
  • Il travaille dans le secteur tertiaire (62,6 % des apprentis).
  • Il habite dans le même département que celui de son entreprise (78,1 % des cas).
  • Il gagne entre 500 et 1 000 € par mois (56,6% des salaires mensuels bruts à l’embauche).
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