Choc de la transition énergétique : John Deere va fabriquer des batteries

Pierre Guyot, président de John Deere Power System, et Bruno Rodique, président de John Deere France, présentent le bloc de batterie Kreisel.

Le fabricant américain de tracteurs investit 34 millions d’euros dans l’installation à Saran (Loiret) d’une unité de fabrication de batteries aux performances renforcées pour le marché mondial à fin 2024.

Le choc de la transition énergétique se prépare à Saran, sur le site de l’usine John Deere. Alors que la production de moteurs diesel n’y a jamais été aussi intensive, avec 350 unités produites chaque jour, un vaste hangar encore vide va accueillir la fabrication de batteries de grande puissance d’ici deux ans. Le géant américain des tracteurs agricoles et des engins de chantier a choisi son usine du Loiret pour y implanter l’un des deux centres mondiaux de sa nouvelle production de batteries de haute performance. L’autre centre de production sera localisé en Amérique du Nord sur un site non encore déterminé.
Plus puissante et plus sûre
Pour engager cette conversion spectaculaire, l’industriel américain a pris une participation majoritaire dans la société autrichienne Kreisel Electric, spécialiste de la conception et de la fabrication de batteries à refroidissement par immersion. Les gros caissons étanches qui peuvent contenir plusieurs milliers d’unités de la taille d’une pile bâton sont parcourus par un fluide de refroidissement qui assure ainsi une vitesse de chargement plus élevée, une puissance accrue et une durée de vie plus longue, en éliminant du même coup le risque d’emballement thermique et donc d’incendie.
La future unité de production de Saran prendra place dans un vaste entrepôt de 2 800 mètres carrés qui nécessitera d’importants aménagements, notamment la pose d’un sol antistatique et des travaux de voierie, avant de produire ses premières unités à la fin de l’année 2024.
19 000 batteries par an
Un investissement de 34 millions d’euros est programmé avec un objectif de production de 19 000 batteries par an. « En fonction de l’évolution du marché nous pourrons aménager une extension et doubler la production au besoin » annonce Bruno Rodique, président de John Deere France.
60 salariés seront affectés à cette nouvelle activité sur un site où travaillent aujourd’hui 800 salariés à la fabrication de moteurs diesel.
Les batteries John Deere ne seront pas destinées en priorité à équiper ses propres engins. En effet, la puissance d’une batterie est insuffisante pour faire fonctionner durablement un tracteur agricole de plus de 120 chevaux. Le marché visé est plutôt celui des camions et des bus ainsi que les engins de chantier et le secteur maritime. Les blocs de batterie peuvent également équiper les bornes de recharge des voitures électriques en stockant l’énergie entre deux utilisations.
Si la fabrication de la batterie se fera bien à Saran, l’élément de base, à savoir la pile, proviendra toujours d’asie. La relocalisation intégrale n’est pas encore pour demain.

Bruno Goupille

« Le moteur diesel est encore là pour longtemps »

Pour Pierre Guyot, président de John Deere Power System et du conseil d’administration de Kreisel, le moteur à combustion interne a encore de beaux jours devant lui. « L’électrification ne va pas tout résoudre et le diesel est à la fois le problème et la solution » affirme-t-il en faisant référence aux avancés et à la recherche dans le domaine des carburants alternatifs et de l’hybridation. « Au-delà d’une certaine puissance, le moteur thermique reste moins polluant et il ne faut donc pas tout miser sur une seule filière mais en explorer plusieurs ».
Des recherches sont d’ailleurs conduites par l’usine de Saran, des industriels du Loir-et-Cher et un laboratoire de l’université d’Orléans sur un moteur à injection directe d’hydrogène.

L’usine de Saran fabrique des moteurs diesel de 48 à 275 chevaux.
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