2023 sera bien l’avènement d’une nouvelle révolution industrielle et technologique. Ces six derniers mois, pas un jour ne se passe sans qu’on entende parler de ce Chat GPT ou de robots humanoïdes capables de réaliser l’impossible. Ces outils suscitent la curiosité, interrogent, inquiètent. Tour d’horizon des différentes réactions entendues au cours du semestre.
« Je suis là, car j’ai entendu dire que mon métier était voué à disparaître » annonce d’entrée une salariée comptable, lors d’un atelier découverte de Chat GPT. Aïe ! Même si nous n’en sommes pas encore là, il est vrai que demain, l’IA (Intelligence artificielle) va profondément bouleverser nos métiers. Ne faisons pas l’autruche, oui, certains vont disparaitre quand d’autres vont émerger. Comme dans toutes les révolutions industrielles, cette évolution passera par une phase de transition, ponctuée de frustrations et d’excitations. Nos ancêtres, auraient-ils pu imaginer qu’un jour, les pompiers puisse voir à distance et en temps réel le début d’un incendie grâce à la prise en main de la caméra d’un téléphone portable ? Certes, les lavandières ont disparu (satanée machine à laver) et désormais, on compte plusieurs métiers différents pour écrire des informations sur Internet (journaliste, rédacteur web, community manager, copywriter, etc.). Le chômage inquiète, la peur de ne pas savoir, d’être dépassé par la machine « Et si demain, c’est un robot qui dicte mes plaidoiries ? » se soucie une avocate.
D’un autre côté, voyons-y du positif ! C’est une avancée majeure pour la quête perpétuelle du confort des humains et qui peut participer à notre bonne santé. Quelle libération pour nos cerveaux ! Malmenés ces dernières décennies, on leur demande de constituer des données, de les compiler, les trier, les synthétiser, les reformuler, etc. La charge mentale s’alourdit et le burn-out guette dans le coin. Alors, si demain, ce sont les robots qui réfléchissent à notre place, que va-t-on devenir ? « Des débiles, me répond un chef d’entreprise, argumentant ces propos, déjà, on ne sait plus écrire correctement, ni chercher sa direction tout seul quand on doit se rendre quelque part sans GPS, alors là, on va créer des générations de personnes qui ne savent même plus réfléchir par eux-mêmes ». Certes, on s’en prend un coup au moral là, mais mettons un pas de côté.
Imaginons un instant que l’IA libère réellement du temps et de l’énergie pour les humains, comment vont-ils l’exploiter ? Projetons-nous dans le futur, quelles sont vos préoccupations de demain ? « Moi, je pense qu’on va pouvoir mieux prévenir et réduire des risques » témoigne un assureur. Il est vrai que la voiture du futur présentée lors du salon Vivatech en juin dernier, en donne déjà un aperçu (sécurité routière). « Les gens ont envie de retourner vers des métiers manuels, peut-être que ça va leur permettre » évoque un artisan. « On va pouvoir se concentrer sur la transition énergétique » m’évoque un militant écologiste. Hum, de ce point de vue-là, l’industrie de l’IA a beaucoup de progrès à faire. Le volume des données engendré est colossal, c’est une pollution énergétique qui dépasse tout entendement. De même, les questions de protection et de sécurité des données interrogent, mais nul doute que les instances gouvernementales auront légiféré d’ici là. Reste un point majeur, celui de la protection intellectuelle : comment gérer le fait qu’une IA produise à la place, ou avec l’aide d’un humain ?
Et si j’avais fait appel à Chat GPT pour cet article, aurait-il été capable de l’écrire ? Oui, certainement, à condition de lui avoir dicté au préalable un « prompt » (Ah ! Encore un nouveau mot à apprendre, remplacez par « consigne ») résumant l’entièreté des réunions, conférences et échanges personnels de ces six derniers mois. C’est possible, mais lui faire adopter un style d’écriture et mon humeur du jour, soyons honnête, il est encore peu probable qu’un robot ne sache le faire tout seul. Lui, est enfermé dans sa caisse noire, étriqué entre ses composants électroniques, tandis que moi, je m’apprête à passer une belle journée d’été en famille. Non vraiment, si l’IA est puissante et aidante, sa créativité n’est pas près de remplacer nos émotions et notre imaginaire. Elle peut en revanche, être une alliée pour nous laisser plus de temps à ces effets.
Émilie Marmion