Chambord Udaipur : au-delà des clichés

L’exposition, ici lors de l'inauguration du 18 octobre, met en parallèle les documents photographiques des deux monuments depuis la fin du 19ème siècle.

Quel rapport entre le château de Chambord et le palais indien d’Udaipur ? Des similitudes et des archives photographiques prétextes à une exposition aussi dépaysante que déconcertante.

François Mitterrand et Helmut Kohl stoïques devant la façade du palais de Chambord ; Elizabeth II en voiture découverte saluant de sa fameuse rotation de poignet la foule massée devant le palais indien d’Udaipur. Le parallèle est audacieux tout comme est déconcertante l’exposition « Chambord – Udaipur » inaugurée le 18 octobre dernier dans les salles du deuxième étage du château de François 1er. On y découvre encore, côte à côte, une présentation de tableau de chasse au début du siècle dernier devant Chambord et, sensiblement à la même époque devant Udaipur. Dans les deux cas les prises sont des cervidés mais les public diffèrent. Gardes chasse en uniforme et prêtres en soutane côté français, lanciers enturbannés et invités en casques coloniaux devant deux éléphants côté indien. Et le choc des photos se poursuit sur les murs des trois salles consacrées à ce télescopage argentique entre le « pavillon » de chasse de François 1er et le City Palace d’Udaipur.


Destinées parallèles
Leurs destinées sont mises en parallèle au travers de 140 photos regroupées par grands thèmes : histoire, architecture, vie quotidienne et chasses du passé.
Car si plus de 6 000 km, à vol de tapis, séparent le Loir-et-Cher du Rajasthan, les deux édifices présentent quelques points communs. Ils ont été construits tous les deux au 16ème siècle, ce sont des maisons royales et on pratiquait la chasse sur leurs vastes domaines. Là s’arrête la comparaison objective.
La véritable explication est d’ordre diplomatique comme l’a révélé Jean d’Haussonville, directeur général du domaine de Chambord, lors du vernissage de l’exposition. Lui-même diplomate, il a fait état d’échanges anciens à l’ambassade de France de New-Delhi et d’un souhait ministériel de développer échanges et coopération entre les deux pays.


Le tout premier cliché de Chambord
C’est ainsi que, sur le plan touristique et patrimonial, une convention de partenariat entre le City Palace d’Udaipur et Chambord a été signée en 2015. L’exposition actuelle, qui devait se tenir avant le confinement, en est un prolongement en même temps qu’une exploration des temps héroïques de la photographie. A cette occasion a été découvert le tout premier cliché de Chambord, immortalisé par le photographe britannique William Henry Fox Talbot en 1843. L’image s’affiche au côté de l’exceptionnelle collection photographique de la famille Dreux (lire ci-dessous).
En forme de pirouette à son intervention, Jean d’Hausonville a indiqué que le Maharaj d’Udaipur était considéré comme un descendant de Shiva, le dieu hindou du bonheur, et que ce ne pouvait être que bénéfique pour Chambord et le Loir-et-Cher.
Acceptons-en l’augure !

 

Bruno Goupille

Exposition visible jusqu’au 5 mars. Accès avec le ticket d’entrée.

 

La famille Dreux, mémoire photographique de Chambord

La famille Dreux a donné deux générations de gardiens et trois de photographes. Georges Dreux était le concierge de Chambord à partir de 1913. Il guide les visiteurs et prend des photos de la vie au château. Son fils cadet, Christian, sera aussi gardien, tandis que le fils ainé, Gonzague deviendra reporter-photographe professionnel pour l’agence Keystone. Il réalisera plusieurs reportages sur Chambord. Son fils Philippe pratiquait également la photographie. Le fonds photographique de la famille Dreux est riche de plusieurs dizaines de milliers de photographies.

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