Figure du tissu industriel vendômois – on célèbre cette année le cinquantenaire de son implantation –, l’entreprise Robert Bosch Automative Steering mise sur l’automatisation pour faire face à « la concurrence féroce des pays à bas coût ».
Désireux « de favoriser le développement économique de l’arrondissement », c’est chez Robert Bosch Automative Steering que le nouveau sous-préfet de Vendôme, François Jouffroy, a organisé le 13 juillet dernier, deux jours après sa prise de fonction, sa première visite d’entreprise. Non sans raison. Ne serait-ce que parce que l’État accompagne cette dernière. Mais aussi parce que cette société spécialiste de la conception, de la fabrication et de la vente de colonnes de direction pour véhicules de tourisme et utilitaires fait assurément partie des entreprises « iconiques » de la ville – la zone industrielle sud a été créée pour accueillir son « ancêtre » la Nacam il y a tout juste cinquante ans. En outre, le site reste un grand pourvoyeur d’emplois – 480 collaborateurs, indique son directeur, Vincent Harter ; il en comptait 650 en 2016 –, en dépit des épreuves, qui ne manquent pas. Dernière en date, l’explosion des coûts de l’énergie, qui affecte particulièrement cette grande consommatrice d’électricité. Sans oublier celle tout aussi vertigineuse des matières premières et des transports, et sans compter les problèmes d’approvisionnement qui touchent ses clients, et se répercutent sur sa production. « Cela nous oblige à nous adapter à des variations très brusques de la demande. C’est un chaos logistique très contraignant pour le personnel », déplore le dirigeant, qui ne cache pas qu’il a « parfois l’impression que tout joue contre nous ». « Mais c’est dans ces périodes de difficulté qu’on fait la différence », est-il convaincu.
Des difficultés, l’entreprise a déjà eu son lot, notamment avec l’arrêt prématuré, l’an passé, de la ligne d’assemblage de colonnes de direction à assistance électrique développée pour Ford. « Nous nous en sommes remis. Ce n’était pas un échec de l’entreprise, mais de la commercialisation du véhicule. Cela nous a permis de beaucoup apprendre », assure le dirigeant. La principale épreuve reste néanmoins la « concurrence féroce des pays à bas coût sur un marché ultra-concurrentiel », comme n’a de cesse de le rappeler Vincent Harter. Pour « essayer de récupérer la production des pays de l’est et gagner de nouveaux projets, la robotisation très poussée est la seule voie ouverte en France », explique ce dernier. Il avoue que la « prise de conscience a été tardive », mais que la mobilisation est désormais générale. L’entreprise n’a de cesse d’innover et d’automatiser au maximum ses processus – non sans succès, puisqu’elle a notamment plus que doublé la production horaire de certaines de ses pièces. À tel point que son activité semble parfois plus proche de l’informatique, à tout le moins de la mécatronique et de la robotique, que des « simples » martelage et assemblage. « On ne fait parfois plus que de la programmation », indique un collaborateur. Comme la société n’entend pas « dépendre de l’extérieur », elle s’efforce en effet de développer en interne ses propres solutions. « C’est une véritable révolution en termes de métier. Cela se traduit par un véritable renouvellement des compétences et une montée en compétences générale des équipes », relève Vincent Harter, qui souligne par ailleurs que la force du site tient précisément dans son savoir-faire, « unique chez Bosch ». Pour réussir l’aventure, l’entreprise s’entoure « de partenaires, plutôt que des fournisseurs », parfois (très) locaux. L’objectif avoué est « de bâtir un écosystème autour de l’entreprise ». Cette fois, c’est elle qui tient le volant !
Frédéric Fortin