Bertin Peinture, la transmission comme philosophie

Chez Bertin Peinture, qui a choisi un passage de relais comme logo, la transmission n’est pas un vain mot. Dirigée par la 3ème génération, cette entreprise familiale, bientôt séculaire, participe activement au soutien de l’apprentissage.

« La première génération bâtit l’entreprise, la deuxième la développe, la troisième la ruine ». Jean-Pierre Bertin, qui a repris en 2006 l’entreprise familiale Bertin Peinture, succédant ainsi à son père, Jean, et à son grand-père, Gaston, entend bien démentir ce postulat. Une « loi » qui peine d’ailleurs à être démontrée, même si elle a ses adeptes dans le monde entier (du Brésil – « Père riche, fils noble, petit-fils pauvre » – à l’Écosse – « Le père achète, le fils construit, le petit-fils vend, et son fils mendie » ).

Pour l’heure, les choses se présentent plutôt bien pour cette entreprise spécialisée dans les peintures intérieures et revêtements muraux (80 % de ses prestations), les revêtements de sols et les peintures extérieures. Après un passage à vide dans les décennies 1980-1990 – comme dans l’ensemble du BTP –, l’entreprise a atteint son plus fort taux de rentabilité en 2012. Elle a en outre récemment redéployé ses ailes, en reprenant en 2020 Lacour Déco, à Romorantin-Lanthenay. « Notamment, grâce à un prêt d’honneur de la CCI, octroyé dans le cadre du fonds d’intervention pour le développement des entreprises en croissance du Loir-et-Cher (Fidec) », souligne Jean-Pierre Bertin.

À la clef, un élargissement de la clientèle, désormais composée à parts égales ou presque de particuliers, de commerces/restaurants et d’industriels/institutions publiques, parmi lesquelles la Ville de Blois – dont le maire, Marc Gricourt, est venu visiter l’entreprise tout récemment – ou la société d’HLM Loir-et-Cher Logement, qui a porté sa croissance lors de la construction de la ZUP.

Mais aussi un doublement des effectifs. Bertin Peinture compte aujourd’hui 17 employés, dont quatre femmes, « soit près d’un quart des collaborateurs, quand la moyenne nationale de présence des femmes sur les chantiers est de 1,6% », est-il souligné. Non sans raison, puisque interviewée par France3 à l’occasion des Olympiades des métiers de 2018, Coralie Blin, qui effectuait alors son apprentissage dans l’entreprise, déclarait que, pour elle, « l’étape la plus dure [avait] été de trouver un patron en tant que fille ». Les préjugés en tiennent une couche !

 

Le fait d’avoir formé « un quart de l’effectif » est également un motif de fierté pour le dirigeant, qui recense « 40 apprentis formés ces cinquante dernières années, dont dix femmes, et 135 stagiaires accueillis ces 25 dernières années ». Prouvant ainsi que Bertin Peinture n’a pas attendu la réforme de l’apprentissage de 2018 pour prendre sa part. « Cela fait partie de notre mission », estime Jean-Pierre Bertin. L’investissement de l’entreprise en ce domaine prend également la forme de corrections d’examen au Centre de formation des apprentis (CFA), de participation aux forums des métiers, etc. Détail qui n’en est pas un, le diplôme de meilleure apprentie de France (titre régional) de Coralie Blin figure en bonne place dans les locaux de l’entreprise, aux côtés du sac de frappe et du baby-foot. « Le bien-être de nos collaborateurs, qui représentent la valeur principale de notre entreprise, est une de nos préoccupations », assure le dirigeant. Autant d’éléments qui font qu’en ces temps de « métiers sous tension », l’entreprise indique ne pas rencontrer de difficulté à recruter.

L’entreprise ne peine a priori pas non plus à trouver des clients. Jean-Pierre Bertin confesse ainsi « parfois un peu de retard dans l’exécution des travaux ». Mais il entend rester prudent, alors que l’on prédit un retournement de conjoncture pour le BTP – la dernière enquête mensuelle de conjoncture de la Banque de France indique que « dans le bâtiment, l’activité serait en recul tant dans le gros-œuvre que dans le second œuvre ». Sans compter la hausse des carburants et des matières premières. Si Jean-Pierre Bertin se verrait bien prendre pied dans l’arrondissement vendômois, il ne fait pour autant pas de la croissance externe un objectif. « La dimension familiale est un atout », juge-t-il, en mettant notamment en avant l’importance des épouses dans l’histoire de l’entreprise : « Ma grand-mère, ma mère, mon épouse ont toujours été présentes aux côtés de leurs maris. C’est une dimension importante ». Dernier d’une fratrie de huit, reste à savoir s’il pourra à son tour transmettre l’entreprise à une 4e génération de Bertin, lui qui a choisi comme logo de l’entreprise un passage de relais, avec un pinceau comme témoin. Pour l’heure, ses deux filles ont choisi d’autres voies. Mais lui non plus ne se destinait pas à reprendre l’entreprise…

Frédéric Fortin

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