« J’aimerais avoir 250 adhérents dans deux ans »

Karine Lafont, présidente CPME 37

Élue il y a tout juste un an, l’entrepreneuse Karine Lafont est la nouvelle présidente de la CPME 37, la Confédération Générale des Petites & Moyennes Entreprises, qui fait de la défense des TPE et PME son cheval de bataille. Portrait d’une cheffe d’entreprise multi-casquettes qui porte un intérêt tout particulier aux problématiques du recrutement, de l’apprentissage et des conditions de travail des jeunes salariés.

Avant d’être présidente de la CPME 37, Karine Lafont est d’abord une dirigeante d’entreprise avec un parcours riche en expériences diverses et très variées. Arrivée en 1998 en Touraine pour reprendre un garage automobile, celle qui a également occupé pendant deux ans le poste de présidente du Centre des Jeunes Dirigeants d’entreprise de Tours (CJD), quitte en 2007 le monde de la mécanique et de la carrosserie pour rejoindre le réseau de franchise Natur’House (spécialisé dans les consultations diététiques et la vente de compléments alimentaires) et ouvrir l’un des tout premiers centres de la marque espagnole dans l’hexagone. Située en plein centre-ville de Tours, sa boutique Natur’House remporte un beau succès. À tel point qu’elle finira par en ouvrir trois autres : à Joué-les-Tours en 2010, à Tours nord en 2013 et Amboise en 2016. Et en 2021, après avoir siégé pendant sept ans au conseil d’administration de la CPME 37, elle finit par se présenter à la présidence de l’union départementale. « J’étais prédestinée à être secrétaire médical, voire institutrice, mais j’ai saisi des opportunités et j’ai travaillé comme une acharnée pendant vingt ans », argue la dirigeante tourangelle. « À la CPME, j’ai mis mon énergie au service du conseil d’administration pour réunir le plus d’adhérents possible. La présidence ? Mes salariés, des collègues et d’autres entrepreneurs m’ont poussée dans cette voie », poursuit-elle.

« On ne se soucie que trop peu du chef d’entreprise et de ses salariés. »

Entrée en fonctions en pleine pandémie de Covid-19, Karine Lafont a pu observer et mesurer pleinement la proportion dans laquelle les TPE et PME tourangelles avaient été touchées par la crise. Elle s’est efforcée de trouver les mesures les plus efficaces pour les accompagner durant cette période si singulière. Pour la dirigeante tourangelle, la crise sanitaire a d’ailleurs été un révélateur ou plutôt une confirmation : « Les problématiques des TPE et PME n’ont jamais été et ne seront probablement jamais les problématiques des autres entreprises », commente-elle. « Pendant le Covid, les aides ont été mal réparties. Il y a des gens qui avaient tous les voyants au vert et qui en ont beaucoup bénéficié mais les TPE et PME ont eu beaucoup plus de mal à bénéficier des aides. Et quand on est une TPE ou une PME, qu’on a une équipe de cinq personnes, dont trois positives au virus, on ne peut plus fonctionner. Une entreprise plus importante peut compenser les manques, mais dans une TPE ou une PME c’est bien souvent le chef d’entreprise qui compense. On ne se soucie que trop peu du chef d’entreprise et de ses salariés. » Une parole que la nouvelle présidente de l’union départementale souhaite porter encore longtemps, et le plus loin possible. Surtout avec l’élection présidentielle qui approche. « Aujourd’hui, la moitié des salariés est embauchée par des TPE et PME. Il faut permettre aux entreprises de donner des primes aux salariés qui soient moins chargées, les salariés ont besoin d’un coup de pouce et les entreprises aussi car elles sont toujours sous respirateur, il y a notamment beaucoup de problèmes de matières premières avec l’augmentation des tarifs ou de problèmes de recrutement, on est en post-Covid et les gens ont peur. Moi mon rôle, c’est de passer des messages pour que quand les gens décident de mettre en place des choses, elles soient aussi adaptées aux TPE et PME. »

La problématique du recrutement fait partie des questions épineuses sur lesquelles la nouvelle présidente compte bien porter la focale durant son mandat. Au même titre que l’apprentissage ou les conditions de travail des jeunes salariés. Un dernier point qui lui tient d’ailleurs particulièrement à cœur. « Je suis très tournée vers les jeunes, le recrutement et l’emploi des jeunes. Je suis en train d’organiser des commissions de travail sur ces thèmes. J’ai deux jeunes chez moi. », confie d’ailleurs Karine Lafont qui assure vouloir profiter de son mandat pour inciter les jeunes à aller travailler, et les employeurs à davantage les former et les respecter. « Il faut qu’on fasse tous une introspection. Les jeunes sur les contraintes au travail auxquelles certains d’entre eux ne veulent pas se soumettre et les employeurs sur le fait de rendre plus sexy le travail en entreprise. À ce niveau-là, il faut vraiment mettre en place des choses pour les apprentis » affirme la cheffe d’entreprise, mais aussi la mère de famille, avant de conclure : « J’aimerais avoir 250 adhérents dans deux ans, ça voudra dire que les gens ont entendu que je peux leur apporter quelque chose. Quand on est chef d’entreprise on est tout seul, et le seul qui peut vous comprendre c’est un autre chef d’entreprise. Appartenir à un syndicat professionnel peut aider considérablement, il faut que les gens l’entendent. »

Propos recueillis par Johann Gauthier

« Je suis très tournée vers les jeunes, le recrutement et l’emploi des jeunes »
Karine Lafont
Présidente de la CPME 37
Facebook
Twitter
Envoyer à un ami
LinkedIn