Comment les résidences pour seniors s’adaptent à la crise

Au sein des structures d’accueil pour seniors autonomes, le confinement a lui aussi bouleversé le quotidien. Témoignages recueillis au « Clos de la Cheminée Ronde », l’une des résidences avec services du groupe Domitys installée à Fondettes.

 Personne n’y échappe : comme tous les Français, les résidents du « Clos de la Cheminée Ronde » sont confinés. D’ordinaire, ils déjeunent au restaurant, se croisent dans les couloirs qui mènent à leurs appartements ou partagent une partie de belote à l’heure du goûter. Des moments de partage et de convivialité qui, depuis le 17 mars et la fermeture des espaces communs doublée de la restriction des visites, font défaut.

Les premiers jours, les résidents peinent à accepter les mesures de confinement. « Beaucoup d’entre eux ont vécu la guerre, mais jamais de crise comme celle-là », rapporte Ségolène Pottier, directrice de la résidence. Très vite, cette dernière s’inquiète des effets de cette mise à l’isolement sur leur moral et leur autonomie, mais aussi des conséquences d’une immobilité totale sur leur état de santé. Une réorganisation s’impose.

La directrice prend les choses en main, réorganise tous les plannings et multiplie les propositions d’animations. L’énergie déployée par les personnels ne l’étonne pas, mais la rend très fière « Je n’avais aucun doute sur leur esprit de service et d’entraide, mais c’est agréable de les voir autant investis ». Rapidement, chacun apporte ses idées pour garder le contact avec les résidents, les divertir et les accompagner dans le quotidien. « Notre rôle est d’être facilitateurs, et cela vaut encore plus en cette période », souligne-t-elle.

Le partage pour faire barrière à l’anxiété

Pour garder le lien, les équipes distribuent aux résidents une dépêche quotidienne contenant énigmes, photos, petits mots des uns pour les autres… Avec l’objectif de détourner au maximum leur attention des chaînes d’information en continu, source importante d’inquiétude. Dans le même but, la TV Domitys, disparue des écrans depuis plusieurs années, est de nouveau accessible. L’animatrice toque aussi chaque semaine aux portes des résidents pour leur distribuer des livrets d’activité (sudoku, mandala, mots croisés), et leur proposer des animations adaptées (blind-tests, « questions pour un balcon », etc.).

À la place des cours de danse, d’aquagym ou de prévention des chutes d’ordinaire proposés, les plus sportifs participent quant à eux aux séances de « gym au balcon ». « Sylvie, notre professeur, est un vrai rayon de soleil », témoigne Suzanne Soupart , qui ressent une profonde gratitude à l’égard des les personnels de la résidence. Elle qui a récemment perdu sa belle-soeur atteinte du Covid-19 a apprécié la disponibilité et l’écoute de ces derniers : « Ils m’ont beaucoup aidée à affronter le deuil », témoigne cette résidente, dont le mot de remerciement a d’ailleurs été lu par les personnels quelques heures plus tôt. Des rapports humains « emplis de chaleur », c’est aussi ce que rapporte Nicole Lambert , qui sort de son appartement uniquement pour aller chercher le journal et faire quelques pas en compagnie de ses amies – toujours à 1,5 m les unes des autres. « Cela nous permet de bavarder… On nous appelle les Triplettes de Belleville ! », s’amuse celle qui, pour soulager les douleurs causées par la maladie de Parkinson, est contrainte de bouger un peu chaque jour « pour éviter de rouiller ».

Pour elles comme pour beaucoup d’autres résidents, le fait de ne pas pouvoir recevoir la visite de ses proches rend la période difficile. En conséquence, la direction a mis en place un dispositif de visioconférence par Skype avec tablette à disposition, et fait très attention aux temps d’échange accordés à chacun. « Depuis que nous avons autorisé les sorties dans le jardin, tous les personnels se sont proposés pour accompagner les résidents à tour de rôle… Je dois même rappeler à certains qu’ils faut rentrer chez soi se reposer ! », raconte Ségolène Pottier. Preuve que la période, malgré tous les bouleversements qu’elle provoque, a le mérité de renforcer la solidarité entre tous.

Par Juliette Lécureuil

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