L’emploi des femmes seniors, la fin d’un tabou ?

Bérangère Gosse, maître de conférences et responsable du master Gestion des ressources humaines à l'IAE de Rouen
Bérangère Gosse, maître de conférences et responsable du master Gestion des ressources humaines à l'IAE de Rouen

En 2023, la Maison des cadres d’Indre-et-Loire et Pôle Emploi ont organisé une table ronde sur l’employabilité des femmes seniors, dans le but de stopper les discriminations liées à l’âge. Qu’en est-il en 2024 ?

Bérangère Gosse, maître de conférences et responsable du master Gestion des ressources humaines à l’IAE de Rouen :

« Les discriminations subies par les femmes, ce sont, par exemple, les temps partiels plus imposés que choisis qui peuvent les amener à rallonger leurs carrières en comparaison avec celles des hommes.

Ces dernières années, les politiques publiques vis-à-vis des actifs vieillissants ont plutôt favorisé les ruptures conventionnelles que l’accompagnement.

Cette année, le changement de nom de Pôle Emploi, devenue France travail, et la nouvelle réglementation de l’indemnisation du chômage devraient faire bouger les lignes. Aujourd’hui, c’est la question du maintien de l’emploi et de son adaptation poste par poste qui est posée. La culture de l’adaptation du poste est plus courante dans les petites structures.

Les étudiants de notre master Gestion des ressources humaines sont sensibilisés à l’âgisme, et invités, en tant qu’alternants, à observer comment sont perçus les seniors dans leur entreprise. En 2024, il est vraiment temps de se poser la question du maintien de l’emploi, et ce n’est pas qu’une question d’âge ou de sexe. À 35 ans, certains font des burn out. Les réflexions sur les seniors vont servir à d’autres tranches d’âges. C’est la population active dans son ensemble qu’il convient d’étudier.

Frédérique Jeske, dirigeante et présidente de l’association Senior for good :

« Senior for good » est née d’une aventure personnelle et, surtout, d’une envie de revaloriser le senior, son expérience, et de changer le regard de l’âgisme. Nous aidons également les seniors à retrouver un emploi. On a monté un bootcamp pour les accompagner sur la singularité de leur valeur et apprendre à la pitcher.

Nous travaillons également sur un outil pour mesurer la valeur de l’expérience (softs skills, compétences). Arrêtez de penser aux seniors en termes de coûts, et pensez plutôt bénéfices.

Le gouvernement se trompe de cible quand il s’attaque aux seniors avec une réduction des indemnités chômage, car il existe une vraie précarité pour les plus de 50 ans sans emploi. Dans dix ans, la moitié des salariés auront plus de 45 ans. Les femmes ont des carrières plus hachées, plus de CDD et donc de risque de précarité, elles sont plus souvent aidantes des parents.

Aujourd’hui, l’emploi des seniors est la responsabilité de tous : de l’État, avec des dispositifs incitatifs permettant d’éviter aux seniors la précarité ; des entreprises, sur l’employabilité et l’engagement ; des seniors eux-mêmes. Démontrez que vous avez encore envie, continuez d’apprendre, de montrer vos qualités, de vous rendre visible, et utilisez les réseaux sociaux !

www.senior4good.com

Propos recueillis par Camille Colloch

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