Freinée par la crise énergétique, la consommation d’électricité en Centre-Val de Loire a diminué en 2022. Dans le même temps, la production, largement excédentaire grâce au nucléaire, voit la part des énergies renouvelables progresser. RTE investit pour l’acheminer.
En Centre-Val de Loire, on n’a pas de pétrole mais on a de l’électricité. Grâce aux quatre centrales nucléaires (Belleville, Dampierre, Saint-Laurent et Chinon) refroidies par la Loire, la région produit, en temps normal, environ 70 TWh (térawattheures = 10 puissance 12 (1012) wattheures) alors que la consommation locale plafonne autour de 16 TWh. Sur le podium de l’énergie électrique, le Centre-Val de Loire occupe la deuxième place nationale pour la production, derrière Rhône-Alpes, et la première place pour l’exportation. Car le très large excédent de production, de près de 74 %, est exporté vers les régions voisines.
Transporter le courant, c’est le job de RTE (Réseau de transport de l’électricité) qui a aussi pour mission de gérer les flux et l’équilibre entre production et consommation.
La production nucléaire au plus bas
Sur ses écrans de contrôle, Carole Pitou-Agudo, la déléguée régionale Ouest de RTE, a constaté que la consommation d’électricité avait baissé en 2022. « En Centre-Val de Loire, la réduction a été plus marquée en mai et surtout en novembre, de l’ordre de 17 %, du fait des appels à la sobriété consécutifs à la crise énergétique. Sur l’ensemble de l’année, la diminution atteint 4,2 % », explique-t-elle.
Dans le même temps, la production régionale d’électricité a enregistré, elle aussi, une chute de près de 8 % en raison de la mise à l’arrêt des réacteurs nucléaires pour maintenance et contrôle des phénomènes de corrosion sous contrainte. « Le parc nucléaire régional a atteint sa capacité de production la plus basse depuis 1993, indique Carole Pitou-Agudo, mais les perspectives pour l’automne et l’hiver 2023 sont beaucoup plus favorables que l’an dernier. »
344 millions d’euros d’investissement
Si elle reste encore très marginale par rapport au nucléaire, la production d’énergie renouvelable (éolien, solaire, hydraulique…) ne cesse de croître en Centre-Val de Loire. « Le parc d’énergie renouvelable a augmenté de 13 % en 2022, précise la déléguée régionale de RTE, ce qui s’est traduit par une augmentation de 57 % de la production solaire et une légère baisse de l’éolien en raison de conditions de vent moins favorables. »
Même si elle ne représente encore que 6 % de la production régionale, l’énergie renouvelable nécessite des investissements dans les infrastructures pour la collecter et l’acheminer à bon port. Dans son enveloppe régionale de travaux sur ses réseaux, d’un montant de 456 millions d’euros pour la période 2022-2026, RTE a prévu de consacrer 139 millions d’euros aux énergies renouvelables. « Cela concerne la création ou l’extension de postes électriques et pas moins de 65 kilomètres de lignes souterraines à créer, ajoute Carole Pitou-Agudo. Sur la décennie à venir, nous allons investir 344 millions d’euros pour prendre en charge 4 gigawatts de nouvelle production d’énergies renouvelables. »
Bruno Goupille