Dans un contexte d’inflation, de crise énergétique et d’instabilité géopolitique, quelle stratégie financière adopter pour les entreprises ? Il existe néanmoins des solutions pour continuer d’avancer selon quatre experts.
« Financement 2023, quelle direction choisir ? » La question, très directe, formait le titre de la conférence organisée par le cabinet d’expertise comptable ORCOM, le 12 avril dernier au Lab’O d’Orléans. Pour y répondre, quatre experts se sont relayés afin d’indiquer non pas une, mais plusieurs directions possibles.
En préambule, Valentin Doligé, directeur général délégué du cabinet d’expertise comptable ORCOM, est revenu sur le contexte très perturbé des trois dernières années marquées par une crise sanitaire et énergétique majeure, une guerre à nos portes, un climat social explosif et le retour de l’inflation. Plutôt que de sombrer dans la déprime, Valentin Doligé entrevoit des raisons d’espérer avec la réduction des coûts de l’énergie et donc de l’inflation, même si la croissance restera nulle en 2023. « Les entrepreneurs ont trois défis à relever, estime-t-il, en terminer avec la crise et les PGE (Prêts Garantis par l’Etat), continuer à investir et à innover pour se développer, et s’engager dans la transition énergétique et écologique. » Les intervenants ont ensuite développé leur propre vision et conseils.
Banque de France : ne pas dégrader sa cotation
Pour Marie-Agnès de Montbron, directrice régionale de la Banque de France, il est important pour les entreprises d’apurer le remboursement de leur PGE et d’alerter en cas de difficultés de façon à ne pas dégrader leur cotation. « Soyez vigilants sur votre plan de trésorerie, vos capacités de remboursement et les différés d’amortissement qui peuvent devenir un piège », alerte-t-elle en annonçant que la Banque de France va mettre en place un « indicateur climat » qui mesurera l’investissement des entreprises dans la transition énergétique.
Fédération des Banques : anticiper pour gagner
« Anticiper, c’est souvent gagner », estime Marc-Antoine de Hannuna, le président de la fédération régionale des banques. Il encourage les entreprises à continuer d’investir en s’appuyant sur la large gamme des crédits. Par exemple avec le prêt participatif relance, à taux fixe, sans frais de garantie et avec un différé de remboursement de quatre ans. « Il est important d’être accompagné, de mettre en place une stratégie de financement cohérente avec celle de l’entreprise, et d’anticiper sur la présentation d’un bilan carbone obligatoire à partir de 2025 ».
BPI : utiliser le financement vert
Délégué régional à l’innovation pour la Banque Publique d’Investissement (BPI) Centre-Val de Loire, Guillaume Kryzelewski avance la solution du financement vert pour s’engager dans la fameuse transition énergétique et écologique. Avec son taux de 3,5%, ses deux ans de différé et ses cinq ans d’amortissement, il permet d’accompagner les entreprises vers l’autonomie énergétique, après l’établissement d’un diagnostic. « Regardez aussi les possibilités de subventions accordées par l’Etat avec les appels à projets du Plan France 2030 en faveur de l’innovation et de la transition », conseille-t-il.
En guise de mot de conclusion, Valentin Doligé encourage les chefs d’entreprise à profiter de cette période quelque peu chahutée pour « se réinterroger, regarder devant et ne pas opposer écologie et économie ».
Bruno Goupille