L’ADEME est formelle, les énergies alternatives au gazole sont une façon de décarboner jusqu’à 80 % du transport de marchandises et de personnes. Les territoires les plus volontaires s’interrogent souvent sur le sens par lequel prendre les choses. Faut-il commencer par les stations d’avitaillement, la production territoriale ou l’équipement des véhicules de service public ? À trop tergiverser, les programmes prennent du retard, ce qui fait dire aux habitants que rien n’avance. Le Romorantinais et Monestois choisit de mener plusieurs programmes et études de front.
« On ne prévoit pas l’avenir, on fait en sorte de le rendre possible ». Cet adage prévaut aux démarches de la communauté de communes du Romorantinais et Monestois. Parce que pour ces élus, l’avenir passe par un mix énergétique, tant pour l’habitat que pour les déplacements. En décembre 2020, le territoire a adopté son Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) pour la période 2021-2026. Covid oblige, les premières impulsions sérieuses n’ont été données qu’à la fin de l’année suivante, mais depuis, les choses vont bon train. En mars dernier se tenaient à Romorantin, les « rendez-vous du territoire, en transition écologique et énergétique », qui réunissaient les élus, agriculteurs, dirigeants d’entreprises et acteurs des énergies, pour évoquer l’avancée des chantiers et les pistes à explorer. Cédric Sabourdy est vice-président de la communauté de communes, en charge de la transition écologique, de l’économie circulaire et de la mobilité : « En la matière, on ne peut pas prévoir de calendrier formel, dit-il, pas de temps à perdre, il faut saisir les opportunités quand elles se présentent. »
Le territoire cherche à s’équiper
Le PCAET engagé se décline en 17 objectifs, pas moins. Parmi lesquels, la création en janvier 2023 de la plateforme Nestor pour la rénovation énergétique de l’habitat, une étude de liaison douce entre les gares de Romorantin-Lanthenay et de Villefranche-sur-Cher, et la réflexion menée pour un projet d’écosystème hydrogène. « Alors que nous avons engagé un chantier important d’électricité photovoltaïque et en particulier l’agrivoltaïsme, nous travaillons maintenant à la décarbonation de la mobilité, premier secteur émetteur de gaz à effet de serre, et dans le même temps, rendre disponibles les énergies alternatives comme le GNV et l’hydrogène. »
Des entreprises pilotes comme celle des transports Breger ont une flotte déjà en cours de transformation. Plus de 500 de ses véhicules sont équipés pour rouler au biométhane. Son PDG Vincent Lesage insiste sur l’indispensable mutation à opérer maintenant : « C’est 15 % de notre flotte que nous avons transformée depuis 2017, la suite est une question de prix, et de renouvellement au gré du vieillissement. Les stations d’avitaillement se multiplient, il faut aller plus loin encore ». « Il est urgent que nous soyons équipés, ajoute Cédric Sabourdy. À défaut, l’on risque de voir partir les entreprises, aussi importantes soient elles. »
Faire feu de tout bois
La course aux équipements est donc engagée. La communauté de communes participe à hauteur de 600 000 € à la création d’une station de méthanisation, elle aide à la coordination des porteurs de projets et la mise en contact des acteurs, partage les études environnementales. Et en matière d’environnement, rien n’est moins simple dans cette région du département, Romorantin est la capitale de la Sologne et la zone est classée Natura 2000. « Pourtant, assure Jeanny Lorgeoux, maire de Romorantin-Lanthenay, ce n’est pas un frein à l’innovation et à l’entrepreneuriat, c’est un peu plus compliqué, mais c’est une chance ! »
Stéphane de Laage