À Gièvres, l’entreprise Caréco a remporté le trophée « Stratégie RH » au Top des entreprises coorganisé par la CCI de Loir-et-Cher et La Nouvelle République. Nelson Jourdin, son dirigeant, explique ce qui l’a conduit à cette ascension.
Caréco, c’est quoi ?
Nelson Jourdin : Notre spécialité, c’est la vente des pièces d’occasion, la vente de pièces neuves, un atelier de montage et le démontage des voitures accidentées pour créer des pièces d’occasion.
C’était une entreprise familiale que j’ai reprise à mon père en 1996. Lui travaillait tout seul et vendait des voitures et des pièces d’occasion, comme ça se faisait à l’époque. À la base, je voulais faire une casse moto. Finalement, je me suis concentré sur les voitures en embauchant une première personne, en agrandissant un peu, en achetant du terrain, en agrandissant les bâtiments jusqu’à aujourd’hui, sur un parc qui fait trois hectares avec quarante collaborateurs.
Cette réussite est-elle due à la tendance écologique ?
NJ : J’ai envie de dire que, dans notre métier, on était précurseur du réemploi puisque notre métier de casseur automobile est très ancien, depuis que l’automobile existe, et aujourd’hui le réemploi est à la mode. On est en plein cœur de l’économie circulaire.
Avant, il n’y avait que la partie économique qui rentrait en ligne de compte. Le consommateur a pris conscience que le réemploi était intéressant économiquement et écologiquement. Aujourd’hui, on voit que le consommateur, et encore plus la nouvelle génération, s’accroche au réemploi et à l’écologie. Les gens ne viennent plus chez nous que pour le côté économique. Pourquoi mettre une porte neuve alors qu’une d’occasion aura le même aspect, rendra la même chose ? Chez nous, nos pièces sont 50 à 70 % moins chères que des pièces neuves.
Les réparateurs, que ce soient les concessionnaires ou carrosseries, sont obligés depuis 4 ans de proposer une pièce de réemploi. Le client peut l’accepter ou la refuser. Ce n’est pas toujours fait, mais on sent aussi chez les réparateurs une envie de proposer du réemploi à leurs clients. Les assureurs, eux, demandent à ce qu’il y ait du réemploi.
Quelle est votre stratégie RH ?
NJ : Au quotidien, on travaille le bien-être en entreprise. Je veux travailler dans la détente et la bonne humeur. Je m’accroche beaucoup à l’esprit d’équipe. Depuis une dizaine d’années, pendant une semaine, on échange nos postes avec un collaborateur, moi y compris, pour comprendre les avantages et les inconvénients et ce qui peut poser parfois problème, ce qui marche bien, ce qui marche moins bien pour essayer d’apporter des solutions. On choisit des postes qui sont en relation avec notre propre poste pour bien comprendre comment ça se passe avec notre interlocuteur quotidien. Ça participe au bien-être dans l’entreprise parce qu’on voit mieux les difficultés que le collègue peut avoir, ses attentes. On va anticiper plus de choses quand on a compris son poste. Même si on travaille, c’est aussi un moment marrant, de détente.
Comment en êtes-vous venu à participer au Top des entreprises ?
NJ : Une émission de télé, tournée chez nous depuis 2018, passe sur RMC Découverte : Trésors de casse. Dans cette émission, ils avaient montré cette journée “Vis mon job”. La directrice de la CCI Christine Pottier l’a vue et m’a proposé de participer au Top des entreprises sur le sujet des ressources humaines. J’ai répondu pourquoi pas. On a remporté le trophée qui met en lumière, dans le département, le commerce, l’entreprise et l’équipe.
Et demain ?
NJ : On est en train d’agrandir nos bureaux, et d’un hectare et demi notre parc. Comme on traite aussi des véhicules électriques, on fait un atelier dédié au démontage des véhicules électriques. Et on ragrandit le parc pour stocker plus de voitures, rentrer plus de voitures, traiter plus de voitures, qu’elles soient thermiques ou électriques. Chaque personne concernée par cet agrandissement a fait partie du projet pour être sûr de faire les bonnes choses.
On est dans une zone rurale où il y a moins de voitures électriques que dans les grandes agglomérations, mais on a passé des agréments : on a quatre personnes qui ont l’agrément pour démonter et traiter les véhicules électriques. On n’y voit pas un frein ; aujourd’hui, c’est l’électrique, demain peut-être l’hydrogène. Quoi qu’il se passe, il faut démonter, traiter, recycler ces véhicules. On suit la tendance.
Laëtitia Piquet