Créée en 1993, à Soings-en-Sologne, la pépinière La Gitinière fournit le zoo de Beauval pour nourrir les koalas et les singes arboricoles, mais pas seulement.
Les horticulteurs Alain et Martine Chedeville produisent des plantes aromatiques, des plants de légumes et de petits fruits « destinés à l’amateur. On vend essentiellement au marché de Rungis où l’on se rend deux fois par semaine », décrit la gérante. Un commerce qui abonde leur trésorerie du printemps à octobre, l’hiver étant « la période calme ».
Alors, ils ont trouvé un client pour lequel produire toute l’année : le zoo de Beauval. Il y a dix ans, « on les a contactés, on a fait des essais. On a commencé tout doucement à les fournir ; au départ 10 à 15 % jusqu’à 100 % des eucalyptus ». Les koalas s’alimentent ainsi localement. « Et il y a 3-4 ans, ils sont venus nous voir pour nous demander du feuillage pour leurs singes ». Alain et Martine Chedeville ont installé une chaufferie à bois pour chauffer les serres afin de cultiver les eucalyptus à faible température et les plantes tropicales pour les singes arboricoles à forte température. « En eucalyptus, on a 25 variétés différentes. Pour les singes, près de 20 espèces différentes. Ce sont des plantes spécifiques, ce n’est pas habituel chez nous, mais les plantes très spécifiques nous intéressent. On apprend à les connaître ». Un partenariat réussi qui les encourage dans cette voie ; ils prévoient d’augmenter la surface pour nourrir les animaux de Beauval.
Bien que très important, le zoo n’est pourtant pas leur client principal, contrairement aux jardineries qui viennent s’approvisionner au marché d’intérêt national (MIN) de Rungis. « Notre culture première reste les plants de légumes, les plantes aromatiques et petits fruits ». Ils projettent d’ailleurs de se lancer dans la fraise en culture hors-sol.
Production raisonnée
À la Gitinière, Alain et Martine Chedeville ont choisi un mode de production raisonnée : « On n’utilise pas de produits phytosanitaires systématiquement. Nous, on utilise des auxiliaires, c’est-à-dire qu’on fait des lâchers d’insectes prédateurs pour tout ce qui est pucerons et parasites. Et s’il y a deux ou trois pucerons, ce n’est pas grave. D’ailleurs, dans la nature, ils sont là aussi ». Utiliser des insectes n’est pas la seule méthode pour réduire l’utilisation de produits chimiques : « Dans les allées, on ne désherbe plus, on a mis du gazon et on tond pour maintenir la pépinière propre au maximum ».
Ce choix est « plus onéreux, ça demande plus de surveillance, c’est plus technique ». Et c’est une décision qui n’a rien à voir avec l’ambition d’obtenir un quelconque label écologique « payant et qu’on ne peut pas valoriser. C’est pour nous, les animaux et les hommes ». En évitant les insecticides et les fongicides, « on se sent mieux ». Une conviction personnelle pour l’avenir de tous.
Laëtitia Piquet